Pourquoi n’ai-je pas photographié cet immeuble avant qu’il soit en travaux ? Il abritait, non loin de chez moi, une antenne de l’Université Paris Diderot, le LIAFA (Laboratoire d’Informatique Algorithmique). Je joins la seule image que j’ai pu en trouver sur le web et qui ne restitue pas très bien l’impression produite par sa façade couverte de carreaux de céramique couleur caramel.
J’ai espéré que Google Street View aurait omis de rafraîchir ses photos de la rue du Chevaleret, mais non, c’est l’immeuble en chantier qui y figure.
Comme il s’agit de désamiantage, tout a commencé par un confinement sous d’immenses bâches blanches, qui attrapaient magnifiquement la lumière le matin.
Je pensais en les longeant à Christo, et à ce jour d’automne 1985 où nous nous étions rendus, D. et moi, quai de la Mégisserie pour découvrir le Pont Neuf tout emballé de blanc, et la beauté insensée de cet escamotage, des plis, des liens pour retenir la toile au pont.
Lorsque les bâches ont été ôtées, tous les pavés de céramique avaient été arrachés, laissant apparaître le béton brut. Un temps, les adhésifs protégeant les vitres transforment la façade en un tableau au graphisme joyeux.
Plus tard, lorsque les fenêtres auront été déposées, les ouvriers dessineront sur le béton à la peinture fluo des signes cabalistiques, et commenceront à poser les fenêtres neuves. Dommage : j’aime la façade ainsi vulnérable et dénudée, privée de ses fenêtres, ouvrant à tous les vents l’immeuble en pleine rénovation.
Acné (juvénile — dans la temporalité de garantie décennale liée aux marché architecturaux) ?
De même que l’Opéra de la Bastille a vécu sous filets pour retenir ses dalles de façade (filets encore présents sur des façades proches de la Cité de la Musique — même matériaux pré-conditionnés, même période) qu’adviendra-t-il des squames en cours de mise en place autour des structures utiles de la Philarmonie de Paris par Nouvel ou de celles installées naguère par Gehry à la Fondation Vuitton ?
Pourquoi faut-il que la liberté de création des architectes serve à la propagation irresponsable de ‘solutions’ techniques aussi coûteuses et éphémères ?
En plus, le bâtiment alloué à Paris Diderot était quand même plutôt laid, triste et tout juste fonctionnel pour ses usagers…
En fait les carreaux tenaient très bien, et il n’y a pas eu de filet de protection, simplement de l’amiante dans la façade, très dangereuse et désormais proscrite. Ce qui déclenche d’importants chantiers, le plus important étant celui de Jussieu probablement.
Je n’aimais guère ces carreaux caramel ni cet immeuble comme il y en a tant dans mon quartier, lourd et sans grâce, mais il est devenu intéressant à regarder depuis qu’il est en chantier…
Certes — et de nouveau belles photos! j’aime particulièrement les ‘graphismes joyeux’ plaqués sur les vitres (avant démontage ?).
Reste que l’architecte a là-aussi été victime de “l’offre” de matériaux qui l’a amené à plaquer sa façade de poison… certes moins difficile à éradiquer que l’amiante floquant l’université de Jussieu, en des temps antérieurs, mais offre tout aussi aventureuse.