Derrière le mur qui longe la rue du Chevaleret, les trains viennent buter sur la gare d’Austerlitz, sauf le RER C, qui continue son chemin le long de la Seine. La Halle Freyssinet, du nom de l’ingénieur qui co-inventa le béton précontraint, attend sa rénovation.
Jusqu’à ce jour, la semaine dernière, où le mur est tombé. Lorsque je suis passée, il n’en restait plus que ce fragment, abritant une armoire électrique, ce qui lui a valu de survivre un peu plus longtemps que le reste du mur. J’étais pressée. J’aurais voulu m’arrêter pour filmer longuement la machine qui finissait son travail de démolition, profitant de cet état de grâce provisoire, avant que des palissades soient vite installées pour protéger l’espace libéré et l’accès à la halle en chantier (celui du futur “plus grand incubateur de start-ups du monde“…) J’ai eu à peine le temps de saisir mon téléphone pour attraper au vol cette image.
Des années à longer ce mur, et voici que soudain, en quelques minutes, le paysage s’ouvre, une perspective sur la série de voûtes de la Halle Freyssinet se dégage, la tête de l’immeuble peu gracieux qui abrite une antenne du Ministère des Finances se découvre. Je m’accommodais de la tristesse de ce mur, levant le nez vers le ciel et les grues qui s’agitent sans cesse autour du chantier de la Seine Rive Gauche, sans imaginer qu’il pourrait un jour, en quelques instants, en quelques coups, disparaître à jamais, et ouvrir ce paysage si familier.
Faire le mur, c’est très tentant. Parfois, le défaire, c’est encore mieux.
Amusant de retrouver ce mur qui fut, en tout début d’année, l’image de mes vœux pour 2014, voir qu’aujourd’hui il vient d’être abattu, le mur est tombé ( comme à Berlin dont on fêtait il y a quelques semaines le vingt-cinquième anniversaire de la chute) et c’est comme une page qui se tourne.
L’image est visible ici.
@PierreMénard Merci pour les liens, et d’être passé commenter dans mon nouveau chez moi (résidence secondaire, ou principale, l’avenir le dira…). C’est la dernière partie du mur qui a été abattue, depuis des années, il était grignoté, au fur et à mesure de l’avancement du chantier et l’aménagement de la rue. Lorsque j’ai emménagé dans ce quartier, il longeait la rue presque sur toute sa longueur. Il y a toujours eu dessus force inscriptions, graffitis et irrégularités, et il a beaucoup été photographié. Mais c’était tout de même désagréable, cette rue aveugle et sans vie d’un côté.