Après les deux heures affreusement longues et ennuyeuses consacrées à la digestion du repas de midi, nous descendions à la plage à pied, par la route, puis le sentier du bois, puis cette pente vertigineuse que nous terminions en courant. Peu importait la couleur du ciel, qui décidait de la couleur de la mer, seul comptait pour moi le bruit des galets sous nos pas, il n’existe pas plus beau bruit au monde que celui des galets sur la plage de Varengeville.

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À marée descendante, nous posions nos paniers à l’endroit où les galets font place au sable mouillé. Il était vain d’espérer s’étendre sur une serviette, comme cela se pratique sur la plupart des plages : les galets étaient trop inconfortables, le sable trop mouillé. Non. La serviette restait dans le panier. Les habits que nous enlevions le plus vite possible étaient pliés sur un gros caillou, et nous nous élancions vers les vagues, écrasant de nos pieds nus les centaines de tortillons soulevés par les vers de sable, nous éclaboussant les uns les autres en courant dans les flaques et les minuscules cours d’eau abandonnés par la marée.

Ceux qui ne se jetaient pas rapidement à l’eau se condamnaient à  un long séjour debout, puis à avancer pas à pas, observant les nageurs, de l’eau jusqu’en haut des cuisses, frôlant les vagues du bout des doigts, se passant une main mouillée sur la nuque, faisant mine d’ignorer l’une des vérités du lieu : hésiter c’était renoncer à se baigner, la fraîcheur de l’eau interdisant qu’on pèse le pour ou le contre avant d’y plonger.

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Lorsque nos lèvres viraient au bleu violet, nous sortions de l’eau et commençait alors la construction d’un fort, la recherche de crabes, l’écriture de nos prénoms sur le sable à l’aide de l’une de ces pelles en fer achetées dans la boutique derrière la digue de Quiberville, celle qui vendait aussi les bouées, les merveilleux animaux gonflables, les objets d’art en coquillages et les cartes postales Yvon.


80 ans du bazar de Quiberville

Sur le chemin du retour, il fallait veiller à ne pas renverser l’eau du seau où nageaient cinq crevettes, le sable crissait dans les tennis, et tu te retournais plusieurs fois pour dire au revoir à la mer.

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